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[PORTRAIT DU RASSO] Interview de Rémi Fourneraut, DRH et commissaire de province : "Je crois que le monde du travail a besoin des scouts, surtout aujourd'hui."

25 novembre 2020 Les portraits du RASSO

Rémi, vous êtes membre du RASSO, quel parcours avez-vous eu au sein de l'Association des Guides et Scouts d’Europe ?
Je suis entré en mars 1974 aux Guides et Scouts d'Europe : j'ai été louveteau, scout, routier et chef de troupe. J'ai ensuite quitté le mouvement après mes années de service pour me marier et débuter ma vie professionnelle mais on m'a demandé par la suite d'être chef de groupe. Et puis, une dizaine d'années plus tard, j'ai été appelé à prendre un nouveau service de commissaire de district en Touraine (Indre et Loire) pendant trois ans.
Il y a deux ans, le commissaire de province m'a demandé si j'accepterais de reprendre son service à sa suite. Pour ceux qui s'y perdent un peu, le commissaire de province, c’est l'échelon en charge de la formation.
 
Je suis donc devenu Commissaire de Province Cœur de France (Région Centre-Val de Loire), service que je rends depuis 2 ans. 
J'ai également travaillé pour le mouvement au sein de la commission VECU, dont l'objectif est de Valoriser l'Expérience des Chefs d'Unité, travail qui continue aujourd'hui en collaboration avec LE RASSO. L'objectif est de permettre en premier lieu aux chefs d'unité mais également aux assistants d'unité et pourquoi pas aux CP de prendre conscience des compétences qu'ils ont pu acquérir grâce à leur service au sein du mouvement, de savoir les formuler et les mettre en avant dans les différentes étapes de recherche d'un job ou d'un stage (CV, lettre de motivation, entretien).
 
Bravo pour votre engagement, on imagine le temps et le niveau de responsabilités que cela représente !
Oui c'est un investissement en temps, il faut en être conscient. C'est un choix que l'on fait en couple.
J'ai beaucoup reçu grâce au scoutisme, je crois que c'est la même chose pour mes enfants. Cela me semble naturel de donner un peu de mon temps. L'idéal scout me tient particulièrement à cœur. Il me paraît important de partager cette formation unique et précieuse. Ce mouvement promeut l'éducation du jeune par le jeune, ce qui est rare. De cette manière, les commissaires n'ont qu'un rôle contingent.
En effet, le rôle essentiel, c'est celui des chefs et cheftaines qui ont entre 18 et 25 ans, ce sont eux les véritables éducateurs. Et pour que cela fonctionne bien, il est essentiel qu'ils soient accompagnés par un adulte, le chef de groupe (pour veiller à l'organisation, à l'administratif, au budget, à la formation des chefs, à préparer la relève, etc… mais aussi pour les accompagner personnellement, les conseiller, les écouter et les faire grandir).
 
Quel est votre métier ?
Je suis Directeur des Ressources Humaines (DRH) en milieu industriel. J'ai commencé en travaillant chez Alcatel Alstom qui s'appelle aujourd'hui Nexans. Ensuite, j'ai quitté l'entreprise pour rejoindre Lafarge et depuis 14 ans, je travaille pour la société Total, et sa filiale Hutchinson, qui est un équipementier automobile et aéronautique.
Mon métier consiste à embaucher, licencier, accompagner le développement de l'entreprise comme de ses salariés mais aussi, et compte-tenu de la crise actuelle de prendre les mesures adaptées au contexte pour préserver l'avenir de l'entreprise.
 
Comment conciliez-vous les valeurs du scoutisme avec votre rôle de DRH ?
Avant toute chose, cela demande de respecter les personnes et d'exprimer de l'empathie au quotidien. En effet, les personnes qui viennent me voir et se confier à moi le font soit parce qu'elles sont dans mon équipe soit parce que je peux leur apporter mon aide. Il est donc important de les respecter et de m'efforcer de les aimer. C'est ce que tout chrétien doit s'efforcer de faire, et ce n'est pas toujours facile d'ailleurs !
Autre élément essentiel : en tant que DRH, il est important d'être en vérité avec les personnes qui se présentent en face de nous. On ne peut pas toujours être dans la transparence absolue. Toute vérité n'est pas bonne à dire à n'importe quel moment mais il faut dire la vérité à propos. De cette manière, je vois un lien avec les trois vertus scoutes : franchise, dévouement, pureté.
 
Pensez-vous que le scoutisme soit un atout pour des jeunes entrant dans le monde du travail ?
Le scoutisme apporte au jeune le sens des autres, l'esprit de groupe, la capacité à agir dans l'adversité, l'enthousiasme dans les moments difficiles, l'aptitude à sortir de son confort et la sobriété quand beaucoup se plaindront du manque de moyens. Je crois que le monde du travail a besoin des scouts surtout aujourd'hui.
 
Vous avez beaucoup œuvré au sein de la commission VECU de l'AGSE qui vise à valoriser l'expérience des chefs et cheftaines, notamment grâce à une grille d'évaluation des compétences, pouvez-vous nous dire comment vous avez élaboré cette grille ?
C'est un travail collectif lancé par Michel-Henri Faivre (CNGS à l'époque). J'ai accepté d'y participer parce que je crois profondément à la dimension prophétique du scoutisme, méthode dont on n'a pas fini de découvrir les richesses humaines ; ce que mon métier de DRH m'a amené à découvrir.
J'ai surtout souhaité ne pas y travailler seul en y réfléchissant avec un autre commissaire de province, François Belmon-Estors. Nous avons élaboré une grille à partir de travaux plus anciens initiés par Gwenaël Lhuissier. Nous avons recensé plusieurs grands domaines de compétences spécifiques au chef.
Puis, j'ai fait travailler les chefs et cheftaines de deux provinces (Yvelines et Cœur de France) au cours d'activités intermaîtrises. Ils ont planché en groupes de travail et en sessions plénières pour illustrer par des exemples les compétences que nous avions dégagées avec François. Le résultat est donc un vrai travail scout comme des installations de camp !
Cette grille a ensuite été relue par des anciens du mouvement et membres du RASSO (coach, formateur, recruteur) afin que nous ayons à la fois le regard des jeunes mais aussi celui de professionnels des Ressources Humaines.
 
 
Comment les jeunes peuvent-ils utiliser cette grille ? Quels avantages apporte-t-elle dans un processus de recrutement ?
L'enjeu pour une cheftaine ou un chef qui commence à réfléchir sérieusement à son avenir professionnel est d'identifier ses compétences propres. Qu'est-ce qui dans ma vie scoute peut intéresser un employeur ? Est-ce de courir dans les bois ? Bien sûr que non, enfin pas directement. Quelles sont mes qualités scoutes « employables » ? Celles qui sont le moteur de mon action comme chef. En fait, ce sont mes compétences de chef qui feront la différence entre deux candidats au parcours scolaire équivalent.
Ces compétences sont illustrées par une vraie expérience de service comme chef c'est-à-dire leader, organisateur, négociateur, gestionnaire, communicant, décideur... toutes situations qu'un chef scout vit au quotidien tandis qu'au cours d’un stage de fin d’études, le jeune ne développera bien souvent bien souvent que des techniques professionnelles.
 
La grille va me servir de révélateur en me permettant de vérifier ma maîtrise des domaines de compétences du chef scout tels que la grille les a recensés : animer & décider, organiser, communiquer & représenter, conduire un projet, être responsable de l'hygiène, de la sécurité, de la santé et de l’environnement (HSE). L'enjeu est de mesurer mon degré de maîtrise de ces facteurs au regard de cette grille et de prendre conscience des compétences acquises pour mieux les valoriser en recrutement.
 
Je recommande le choix d'un parrain, un référent dont l'expérience va me permettre de jauger l'objectivité de mon auto-évaluation. Ce parrain ou référent doit, par son expérience humaine et professionnelle, m'apporter un regard externe et fiable me permettant de vérifier mon propre jugement. Telles sont les conditions d'un bon usage de cette grille VECU.
Nous resterons bien sûr à la disposition des utilisateurs de cette grille pour les aider à en faire le meilleur usage.
 
En fait, ce sont mes compétences de chef qui feront la différence entre deux candidats au parcours scolaire équivalent.



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2 Commentaires

Silvana d'AVOUT
Il y a 3 ans
Merci Rémi pour ton aide auprès des jeunes chefs qui se lancent dans la vie professionnelle !
Je confirme que le scoutisme est un véritable atout dans un CV, et qu'à formation équivalente, l'engagement scout fera la différence.
Marc Bouchez
Il y a 3 ans
oui, le monde du travail a besoin de scouts, même s'il ne le sait pas encore. il n'a sans doute pas besoin uniquement de scouts heureusement. le questionnaire d'(auto) évaluation est une bonne aide, pour toute guide, tout scout, merci de ce service et de ce cadeau. https://www.lerasso.com/global/gene/link.php?doc_id=15&fg=1

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