« Notre corps, temple du Saint Esprit » - Le Mot du Padre par Don Monfort de Lassus

L’évangile nous amène une nouvelle fois au Cénacle où Jésus se manifeste aux Onze. St Luc insiste sur le caractère réaliste de la résurrection. Jésus ne se contente pas de faire une apparition mais se manifeste vraiment avec son corps de ressuscité.

Jésus se rend bien compte que ses disciples sont troublés et qu’ils n’ont aucune idée de ce qu’est la résurrection et on le comprend bien ! C’est pourquoi, il leur montre ses mains et ses pieds, il présente ses plaies qui attestent de son identité. Jésus n’est pas un fantôme. Il est un homme avec son corps et son âme. Pour bien les en convaincre, il leur demande : « avez-vous quelque chose à manger ? »

L’insistance de Jésus sur la réalité de la résurrection illumine notre perception du corps. La pensée grecque avait atteint l’immortalité de l’âme mais considérait encore, avec Platon, le corps comme la prison de l’âme. Pour la pensée biblique et la foi chrétienne, Dieu a créé le corps et l’homme n’est pas complet s’il n’est pas l’union d’un corps et d’une âme. La victoire de Jésus ne réside donc pas dans le seul fait de demeurer uni à Dieu par son âme immortelle, mais consiste à assumer à nouveau un corps uni à son âme, dans une existence qui est, bien évidemment, très différente de son existence terrestre. On peut donc dire que sa victoire sur la mort est totale car Jésus est ressuscité corps et âme.

Le corps est un instrument que Dieu a mis à notre disposition afin que nous puissions vivre notre vie en plénitude.

Il résulte de ceci que nous devons avoir notre corps en haute estime. Il est vrai que notre corps peut être une occasion de péché. Il faut bien prendre conscience de ce que le péché n’est pas provoqué par notre corps mais par notre faiblesse psychologique et morale. Le corps est un instrument que Dieu a mis à notre disposition afin que nous puissions vivre notre vie en plénitude. Nous devons donc avoir envers lui un grand respect car il a été créé par Dieu et est appelé, lui aussi, à la vie glorieuse.

C'est là que réside le fondement de notre unité de vie : unité du corps, de l’âme et de l’esprit. Ainsi, le soin et le respect apportés à notre corps et à celui des autres (propreté, netteté, nourriture, santé, habillement, ensevelissement…) va de pair avec celui accordé à notre âme (prière, confession, eucharistie, charité, bonté…) et à notre esprit (soin de notre intelligence, recherche de la vérité, justice et de la sagesse, esprit de communion et d’unité…).

Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu

La présence et la proximité de Jésus ressuscité annonce une présence plus intime encore, celle du Saint Esprit en notre âme : notre corps devient alors le temple du Saint Esprit. Saint Paul explicitera cela magnifiquement aux Corinthiens (6, 12-20 ) :

« Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous êtes devenus des justes, au nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu. « Tout m’est permis », dit-on, mais je dis : « Tout n'est pas bon ». « Tout m’est permis », mais moi, je ne permettrai à rien de me dominer. Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments ; or Dieu fera disparaître et ceux-ci et celui-là. Le corps n’est pas pour la débauche, il est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps ; et Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur et nous ressuscitera nous aussi. Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ. Vais-je donc prendre les membres du Christ pour en faire les membres d’une prostituée ? Absolument pas ! Ne le savez-vous pas ? Celui qui s’unit à une prostituée ne fait avec elle qu’un seul corps. Car il est dit : Tous deux ne feront plus qu’un. Celui qui s’unit au Seigneur ne fait avec lui qu’un seul esprit. Fuyez la débauche. Tous les péchés que l’homme peut commettre sont extérieurs à son corps ; mais l’homme qui se livre à la débauche commet un péché contre son propre corps. Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. »

En ce temps pascal, interrogeons-nous, nous aussi : comment puis-je davantage glorifier Dieu dans mon corps ?